La manif du 27 février: un compte-rendu

Après l’annonce par la justice de l’imminence des expulsions des résidents, « historiques » ou non, de la ZAD, un appel à manifestation était lancé par les différents acteurs de la lutte.

Ainsi donc, après contacts avec les militants des hautes-Pyrénées et d’Ariège qui se chargeront avec leur efficacité coutumière du bus, voilà la délégation béarnaise à nouveau en voyage pour ce lieu de lutte emblématique.

Dés notre arrivée (après une nuit peu reposante, en bus on est habitués!), nous sommes accueillis par les gens de l’orga qui nous remercient de venir de si loin pour les soutenir. 68 bus sont attendus de toute la France !

Le trajet nous fait emprunter une partie de ce qui devrait devenir un des 2 accés routiers au glorieux aéroport, on va donc marcher 5 km sur la 4 voies afin de rejoindre ceux qui, eux, arrivent en vélos et tracteurs, du 2nd accés routier à l’est de la zad.DSC_4582

Une 4 voies, c’est pratique pour mesurer l’ampleur d’une manif, on a de la visibilité et on peut prendre de la hauteur en montant sur les ponts. Celle ci est gigantesque, et comme chaque fois ici l’imagination déborde de partout, déguisements, slogans, dessins, dans une grande et joyeuse variété de militants, entre « vieux militants »  toujours fidèles aux Verts (oui, il en reste, tout comme il reste quelques irréductibles au PS, enfin, il paraît,…) et « jeunes » encagoulés qui dansent autour d’un tracteur tirant un énorme sound system. Se balader dans le cortège est à ce titre très amusant pour mesurer à quel point l’opposition à l’aéroport est diverse et rassembleuse. Car évidemment, il y a aussi des familles avec grands parents et enfants, des paysans avec tracteurs et restauration (dont la camionnette de « l’auberge des Q de plomb », au village du Liminbout, village qui devait être rasé pour faire place au tarmac international…), des gens qui dansent, qui jouent de la musique, qui tapent par centaines sur les barrières de sécurité, rythme primitif envoutant !DSC_4589

À chaque passage de pont les bombes de peintures s’en donnent à cœur joie, et autant on peut tiquer sur « tous les flics sont des batards », autant un « vive la commune » fait plaisir à voir. Les ponts ne seront pas les seuls à faire les frais des taggeurs ; la station total du Temple de Bretagne, fermée, rideaux de fer abaissés, est assaillie, rebaptisée « en souvenir de l’erika » et couverte de tags. Jouissif.

Comme j’ai apporté 2 vélos dans les soutes du bus, on attend l’arrivée du cortège pour partir faire un tour sur la Zad, située à quelques km du cortège. Dés qu’on a quitté le monde, la quiétude nous saisit : le bocage et la « zone humide » nous accueillent par leur tranquilité.DSC_4624

Au carrefour des Perrières, 1ère à droite, et on arrive à la ferme de Bellevue, ferme qui fut occupếe dés le lendemain du départ de son propriétaire (qui l’avait vendue au conseil général), et l’est toujours, fonctionnant en autogestion, et produisant des fromages de vache, du pain… Un lieu d’accueil incontournable, pour les habitants de la zad comme les autres, lieu de réunion aussi, où il est rare d’avoir moins de 10 personnes à manger le soir. D’ailleurs on y est accueillis par Seb, un des rares zadistes à ne pas être à la manif (allergie à la foule, ou plutôt « on ne laisse pas les bêtes seules! »), qui nous donne des nouvelles, nous confirme en particulier que plein de gens arrivent sur la zad depuis le jugement d’expulsion et que ça construit (en planches et en terre) de partout. On repart, après avoir renseigné des « touristes » (oui, la zad se visite, à quand les cars de japonais?), « on cherche la ferme de Bellevue, mais on veut pas déranger ».

On emprunte le chemin de Suez, toujours boueux, entre les haies de genêts et de jeunes chênes. Une des artères importantes de la zad (passant le long du bois de Rohanne, où les cabanes dans les arbres furent violemment détruites), des champs élysées en version « toujours de boue »?DSC_4655

Passage devant les « fosses noires » et les lieux de vie discrets, au bout d’un petit chemin, puis on prend la « mythique » RD 281, dite « route des chicanes », qui vit de violents affrontements lors de l’opération César.

Se confirme ce que nous a dit Seb : depuis ma dernière visite, où les barricades semblaient un peu abandonnées, de nouvelles tours de gué, vigies à l’architecture incertaine sont nées, on voit des ombres qui passent devant les fenêtres, preuve qu’on y est prêt à toute éventualité. Puis retour par les ardillères à la manif, après une quinzaine de km sur la zad, où on retrouve les copains. Pendant l’après midi une gigantesque vigie de métal a été dressée, qui devrait permettre d’anticiper toute incursion policière ou toute reprise des travaux. « Laisse béton », y lit on sur le métal fraichement soudé! Retour au bus, près de la 4 voie, alors que la nuit tombe et que quelques irréductibles tiennent tête à une douzaine de véhicules gendarmesques, histoire de dire « on ne respecte pas l’ordre d’évacuer la route, et on tiendra jusqu’au bout ». Les uns sous le pont, aspergés de lacrymo, les autres au dessus, arrosant à tout va, bref l’habituel jeu du chat et de la souris de Notre-Dame des Landes, c’est presque une habitude…DSC_4632

Merci aux organisateurs du bus pyrénéen (d’autres sont venus par leurs propres moyens, on en a vus!), merci aussi à ceux qui n’ont pu venir et qui ont participé financièrement, c’était une nouvelle fois une belle escapade en cette terre de grand projet inutile imposé, en espérant comme toujours son proche enterrement.

Toutes nos excuses aussi, pour ne pas avoir été très sérieux quant à la tenue de ce blog du comité de soutien. Le dernier article remonte à 2 ans, et on n’y a même pas annoncé la manif du 27! On ne recommencera pas…DSC_4662

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Une réponse à “La manif du 27 février: un compte-rendu

  1. Philippe

    Avec ou sans référendum, on ne lâchera rien

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